À PROPOS DE

L'ART DES PEAUX NOIRES

Si dans cet espace l’accent est mis sur la production artistique du peintre Simon Mocong, des collaborations avec d’autres artistes ainsi que d’autres univers artistiques sont constamment mis à l’honneur.

Dans son travail, Simon Mocong explore le thème de  l’animisme à travers des sujets anthropomorphiques. Il a en effet, toujours été attiré par les trois médiums cohabitant dans l'animisme: Le "masque", le "totem" et le "rituel". Il les considère comme des entités étroitement liées au cosmos et à la façon dont nous nous y adaptons. Comme pour le "ça", le "moi" et le "surmoi" de Freud, ils sont les reflets de notre relation inévitable avec la nature et ses conséquences.  

Né à Malabo (Guinée équatoriale) dans les années 70. Il a d’abord vécu au Cameroun et en URSS, au gré des affectations d’un père diplomate. Il pose ensuite ses valises en Espagne où il effectue sa scolarité et une partie de ses études.  Les premiers pas de l’artiste dans l’art figuratif coïncident avec sa vie à Madrid en pleine fièvre hip-hop. Le graffiti, qu’il a pratiqué assidument sur les murs de la capitale espagnole, et le break-dance lui serviront de catalyseurs tout au long de son adolescence. A son arrivée en Suisse, avec une parenthèse italienne, à la fin des années 90, il se consacre au dessin puis à la peinture tout en développant plusieurs activités culturelles autour de  l'atelier, FARAFIN’ART, littéralement l’art des peaux noires. 

Le travail de Simon Mocong fait d’abord référence à ses origines. Son appartenance culturelle (il est issu de l’ethnie Fang) se traduit par une démarche rigoureuse qui se veut un retour aux sources d’un certain art tribal autant qu’une approche de la modernité politique et sociale d’une certaine Afrique contemporaine. En ce sens, ses toiles relèvent à la fois du travail de mémoire et de la redécouverte. Son univers personnel en réfère souvent aux lignes simples d’objets usuels ou totémiques. Ce geste n’est qu’un point de départ. Pas revendication de négritude, mot éculé s’il en est, mais un brouillage de pistes permanent, un jeu continuel sur les origines et l’approche personnelle, plus cosmopolite, qui réinterprète ces représentations chargées de significations religieuses.

A la croisée de la modernité, dont elles tentent de souligner le mélange des genres, et d’une tradition culturelle enracinée dans le rite et la célébration, ces toiles aux couleurs exubérantes reposent sur le réinvestissement de matériaux bruts dans un espace imaginaire. Ainsi projetés hors de leur cadre de référence, les masques tribaux africains qui inspirent certaines de ces créations revêtent un caractère d’étrangeté. On devine que leur auteur joue ici avec son propre état civil sans pour autant tomber dans l’approche autobiographique. Le tableau devient l’espace d’une rencontre, le masque un substitut du visage. Ce dernier motif peut alors être envisagé comme le point de départ d’une quête d’identité. Car le visage fait signe. Il révèle et voile tout en s’offrant constamment au regard. Il est présence visible et lisible. Le masque rejette le visage hors du réel et du présent. Il permet à l’individu de se dérober en assumant la fonction symbolique qui lui est d’ordinaire dévolue. Travail sur le paraître donc. Lieu d’échange, la toile se donne elle aussi à voir et joue de cette ambiguïté. Elle questionne notre rapport à l’autre, à la différence.

Simon Mocong


Recherche